Dans cet hommage à mon ami Francis que je vais enregistrer cet après-midi, je dirais ces poèmes de lui, que j'illustrerai par les deux chansons de Bécaud et celle de Dassin dont j'ai copié les paroles sur le forum... N'hésitez pas à me faire part de vos impressions, je compte sur vous... ^^;-)
L’enfance perdue et éternelle
Bonjour à toutes et à tous. Les chansons que j’ai souhaité diffuser aujourd’hui sont intemporelles et indémodables. Elles ont pour interprètes et compositeurs Gilbert Bécaud et Joe Dassin et pour auteurs Pierre Delanoë et Louis Amade. Les poèmes que j’ai choisi de vous dire pour les accompagner car ils ont avec ces chansons une résonnance indirecte ont tous été écrits par Francis Ramirez, maître de conférence à l’université de Paris Trois, hélas décédé le 29 décembre 2006 à l’âge de cinquante-neuf ans, laissant tous ceux qui l’aimaient et l’admiraient dans un profond désarroi. Je dédie cette émission à sa mémoire, ainsi qu’à Christian Rolot, son ami, et à Pierre Etaix avec lequel Francis était très lié et qui a si merveilleusement bien su évoquer le thème de l’enfance dans ses très beaux films.
Qu’on s’arrête un instant
De courir
De parler
De changer
De craindre
D’espérer
Et tout revient de l’enfance
Comme un paysage éclaté
Comme un tourbillon suspendu
Qui attendait un repos
Pour lentement descendre
Et se reformer si fidèlement
Qu’on a envie de pleurer.
La nuit froide et vive
Enfantera demain
Le repos de l’abeille
Au ventre lourd
Le chant de l’oiseau ivre
La fleur étourdie
La fille amoureuse
Le garçon rêveur
Mais Dieu qu’elle est froide
Et vive comme une morsure
La nuit de solitude.
*****
Où coulent désormais les ruisseaux de mon âge
D’enfant ?
Leurs noms étaient jolis
Comme ceux des enfants
Pourtant ils sont partis
Comme font les enfants.
Enfants, nous parcourons de vastes
Territoires, assoiffés d’espace,
Comme si nous savions que le temps
Des conquêtes était compté.
Dans le visage fracturé du jeune homme,
Les traits de l’enfant, disloqués et
Douloureux, attendent de disparaître.
*****
On apprend aux petits enfants
À tromper leur mémoire
Jeannot si doux
Sauras-tu ton doux rire
Quand tu ne riras plus ?
Méfie toi petit gars
De ce qu’on va t’apprendre
Ta course lente
Prends garde à la garder
Car tu auras besoin de tes souliers d’enfant.
Quand ceux que tu combats
Habiteront tes paroles
Il faudra
Quitter la maison que tu aimes
Et Marcher
Vers d’autres étoiles.
Le Bel âge se clôt
Comme un petit bécot
D’enfant sage qui dort
Demain il sera grand
Et moi je serais mort.