Un texte réalisé dans le cadre d'un atelier d'écriture thématique autour de la représentation des espaces dans les écrits. La problématique de ce jour était "successions d'espace en mouvement, où comment un trajet récurrent peut être redécouvert". Hormis ça, le théme était libre, la forme et le taux de réalité aussi. Bonne lecture.
Nos souvenirs sont comme des partitions de musique : la mélodie est là mais il manque toujours ces petits détails que sont les appoggiatures. Enfin ça c’est pour les classiqueux et les folkeux. Dans le rock’n’roll, ce qu’il manque sur les partoches c’est à quel moment jouer faux, à quel moment casser une corde ou trasher un ampli avec de la binouze. Il ne reste presque jamais que la mélodie entourée de vide, de souvenirs évadés malgré quelques cordes cassées accidentellement au bon moment.
Larsen introductif : 12 cours Suchet
Cela faisait un petit moment que je ne calculais plus grand chose. Tellement peu de choses que je ne me suis pas méfié du si joli sourire de Ninon lorsqu’elle me tendit le bang. Immergé dans l’ambiance du salon aux murs jaunis pas la fumée où s’entassaient Babos et Babos dans une proximité qui ferait passer une boîte de sardine pour un loft, je tire quelques douilles sur les basses lancinantes d’un Yasawas… Greg, le gros tas de dreads à qui appartient l’appart’, pris d’un élan soudain de motivation se lève, bouteille de rouge à la main et gueule « C’est minuit, abreuvons nous en l’honneur de la journée nouvelle ». Tout le monde suis… Sauf moi. Pris d’un éclair soudain de lucidité, je me rends compte que mon bus ne va pas m’attendre. Oubliant mon manteau, je m’engouffre par la porte qui ne ferme plus et descend les escaliers en spirale sans les calculer…
Cassage de corde : La place Bellecour
Paf, je me retrouve instantanément place Bellecour, dont les innombrables spectres s’incrustent en persistance rétinienne. Je ne me souviens même plus avoir vu l’immense statue trônant en son centre. Force est de constater que dans le monde de mon rêve, elle a disparu. Mon bus aussi d’ailleurs. Même si je n’arrive pas à lire le panneau TCL, ma montre affiche les chiffres suffisamment gros pour que je comprenne ma demi heure de retard.
Jam de réparation : Rue de la République
Ca y est, c’est sûr, je vais me taper le chemin à pieds. Hop, je quitte cette place pour la rue de la Ré… Putain mais merde, je me suis paumé ou quoi ? C’est pas la même… Là, je vois des trésors d’architecture au sommet des immeubles. Des sculptures, de pigeonniers… Mais toujours pas de passants. Le pied intégral. Tiens, on approche. Ne serais-je point seul ? C’est un punk, avec son cleb’s. On ne se connaît pas. On gueule les Berrus à gorge déployée pour emmerder les bourgeois. Arrive le moment où je dois tourner à droite et lui continuer tout droit. Il me file le fond de sa bière en guise d’adieu et je quitte cette merveilleuse rue de la république pour d’autres routines nouvellement appréciées.
Extinction de voix : Le supposé cours Lafayette
La bière du punk ayant fini de m’achever, je ne me revois qu’au milieu d’une grande artère de circulation. Mon inconscient à bien voulu me diriger vers chez moi car il me semble que je suis bien sur le cours Lafayette. Là, je bloque sur un type entrain de répandre ses entrailles entre deux voitures. Je me marre par ce que ça aurais pu être moi mais que c’est lui, je me marre pour ne pas me dire que je suis perdu, je me marre parce que les immeubles sont soudains devenus menaçants et l’éclairage des réverbères lugubre, je me marre car au milieu de cette rue trop grande pour moi j’ai peur…
C’est toujours à ce moment là que, dans un concert, la bière au pied du micro du chanteur se renverse sur la pédale de distorsion du bassiste, arrêtant le show dans un orgasme décadent et nihiliste, laissant les auditeurs regagner leur corps et, par extension, la salle en temps qu’espace volumique défini de la manière la plus brutale et la plus inachevée possible.
Voilà. Si vous voyez des fautes d'orthographes, merci de me les faire remarquer (je viens de finir dele recopier). J'ai aussi la deuxiéme partie de cet atelier chez moi mais je ne retrouve plus le manuscrit. La troisiéme partie est prévue dans 3 semaines...